Et si Microsoft laissait la porte grande ouverte à Apple ?

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La firme de Redmond est-elle en train de préparer son sabordage ? Des tarifs de licences abusifs à Office v.X, Microsoft semble tendre le bâton pour se faire battre. Et Apple pourrait bien jouer le rôle du poil à gratter. Seul constructeur d’ordinateurs dont les ventes progressent en période de crise, la firme prépare son rebond, y compris en direction des entreprises.

Nouvelle grille tarifaire provoquant une forte hausse du prix des licences de sa suite Office notamment, abandon de la technologie des plug-ins et de Java (voir édition du 29 août 2001) dans IE 6 (uniquement pour PC pour le moment), à bien y regarder, on a l’impression que Microsoft ouvre un boulevard à Apple. Cela vous paraît invraisemblable ? Et pourtant. Reprenons l’analyse en détail.

La firme revoit ses tarifications de licences pour sa clientèle d’entreprises chaque année depuis quatre à cinq ans. La dernière mise à jour de son barème devrait faire connaître aux entreprises utilisatrices de ses logiciels des augmentations allant de 30 à 107 % si l’on en croit une étude du Gartner Group ! Et la croissance moyenne des coûts de licences devrait approcher les 40 % en 2002 ! La réaction des directeurs de systèmes d’information des grandes entreprises paraît être plus vive que les années passées, en raison des contraintes budgétaires. La modification des tarifs annoncée par Microsoft en mai dernier est très fortement critiquée par ses utilisateurs, qui désiraient bénéficier d’un report de l’application des tarifs à l’année fiscale 2002.

Mais cette modification des prix pratiqués par Redmond n’est pas le seul élément qui fait penser que l’entreprise est en train de scier la branche de l’arbre sur laquelle elle est installée : la seconde critique qui se fait de plus en plus forte aux Etats-Unis concerne sa stratégie .Net, dont les responsables financiers des firmes observent qu’elle risque de faire exploser leurs achats. Et de pointer également du doigt les questions de sécurité et le côté « Big Brother » du fonctionnement des services de la firme. Les griefs ne s’arrêtent pas là : les évolutions récentes du système d’exploitation Windows, si elles tendent à simplifier le produit, augmentent également les risques concernant la sécurité ! Des points difficiles à faire passer auprès des utilisateurs de plus en plus soumis aux attaques virales qui profitent des faiblesses de conception du système et de son hégémonie pour se propager. Malgré toutes les mises en garde qui ont pu paraître sur l’Internet, jamais le système d’exploitation d’Apple n’a eu à subir autant d’assauts. Et son principal talon d’Achille face aux virus est dû à une technologie de Microsoft : les macro-commandes utilisables dans la suite Office. Enfin, pour achever de se saborder, le fleuron de l’industrie logicielle édite désormais une suite Office pour Mac qui tend, année après année, à être meilleure que la suite proposée sur PC (voir édition du 21 septembre 2001). La compatibilité Mac des produits issus de sa branche matériels, comme sa dernière souris optique (voir édition du 14 septembre 2001) ou son clavier Office Keyboard, parachève le tableau.

Apple progresse dans un marché en décomposition

Le géant s’aperçoit-il des brèches qu’il a lui-même ouvertes à un concurrent sérieux comme Apple ? Rien n’est moins sûr. Sa position de domination le rend comparable à IBM avant l’explosion des clones : aveugle et sourd. Le taux d’adoption de Windows XP (voir édition du 20 septembre 2001) risque d’être l’indicateur de référence permettant de percevoir les modifications dans l’équilibre actuel du marché… De son côté, la Pomme se tient particulièrement bien d’un point de vue financier, au contraire de la plupart de ses concurrents constructeurs. La firme est indépendante financièrement de Microsoft, dont la prise de participation réalisée en 1997 ne représente qu’environ 5 % du capital de la firme. Les ventes d’Apple se poursuivent pour le moment à un rythme effréné. La Pomme a connu une croissance de distribution de ses portables de l’ordre de 70 % (68,4 %) au deuxième trimestre 2001 aux Etats-Unis, propulsée par les ventes de son nouvel iBook qui se serait vendu à 182 000 unités sur les deux premiers mois ! Selon la firme de recherche AG Edwards, son taux de croissance sur le même segment au niveau mondial est de plus de 25 % ! Et les observateurs du cabinet d’étude IDC s’attendent à un déclin des ventes de PC de l’ordre de 3,2 % sur la même période ! Apple, le ver dans le fruit de Microsoft ? Sans doute, mais pas sans l’aide active de ce dernier…